On a mis 2h00 pour venir. Du n’importe quoi en barre, j’ai réussi à mettre en panne mes deux voitures (LES DEUX !), on a loupé le bus, et on s’est perdue. 2h00 pour traverser Tours, je pense qu’on tient un record. Je commence même à douter de notre adage « dans six mois on en rira » (Je vous rassure, aujourd’hui on en rit, d’autant qu’on était pas au bout des galères de voiture, mais ça on ne le savait pas encore.)
J’ai eu la famille au téléphone pour les prévenir qu’on serait en retard et comme ils ne parlent pas bien français, on est soulagée qu’ils aient compris (enfin je crois).
Donc on est là, Léa et moi assise par terre dans cette minuscule pièce, face à un verre d’eau posé sur un petit plateau en fer, dans ce coin de balkan perdu au milieu d’une tour grise. Propret, napperons fait main sur la télé, couvre-lit au crochet, photos avec des petites filles habillées de robes rose bonbon à fanfreluches. On dirait une chambre U décallée et trop pleine. Là on est 4 dedans, Léa, moi, et le couple de roms kosovares que l’on rencontre pour notre dossier de géopolitique sur la situation des Roms en Europe.
Carte de resto du cœur, mimes, vocabulaire simple, traduction de leur fils, sourires ou mines déconfites. On se comprend ; Léa et moi essayons de faire la part des choses entre le vrai et le faux. Le faux ? Pas vraiment, mais ils dramatisent. Impossible de savoir ce qu’ils ont traversé, mais c’est pas joli joli de toute façon. Pourquoi ils nous racontent ça ? Peu à peu, on comprend. Ils nous demandent de l’aide. À nous ? Nous qui ne sommes même pas capable de traverser la ville sans mettre en panne deux voitures, louper le bus et se perdre. Impuissance.
On tente bien de leur expliquer que ce n’est pas notre rôle, qu’on est là pour les écouter, que la seule chose que peut faire un journaliste, c’est de parler d’eux, pour que tout le monde sache et se mobilise. Mais la vérité c’est que ce sujet ne sera jamais diffusé à personne, c’est un exercice. La vérité c’est qu’on ne sait vraiment pas quoi faire, que l’idée même d’essayer de trouver une solution à leur situation inextricable nous paralyse.
Donc on est là… C’est tout.
En me promenant dans le village monde (ouh que je suis poète… c’est juste une façon de dire que je glandais sur internet), je suis tombée sur le blog d’Apolline Henry (d’ailleurs, t’aurais pu dire que t’avais un blog !), une co-galérienne de l’année d’école de journalisme. On avait écrit ce dossier ensemble, et elle l’a mis en ligne.
Le voici : Roms, l’exclusion en bandoulière
Du coup, je me sens un peu moins impuissante. On gère ses névroses comme on peut.
Ho bah il est pas encore très bô mon blog, hein. Mais j’essaye de l’améliorer !
Mettre ce sujet en ligne, c’est aussi espérer qu’un jour, un collégien de 3e-qui-fait-un-exposé ou un 1ere-qui-a-un-sujet-de-TPE-pas-facile tombera dessus et réfléchira un peu plus loin que le bout de son nez… Sait-on jamais 😉