J’veux pas sortir ! Je veux rester en confinement !
Ok c’est naze de ne pas pouvoir aller jouer dehors, manger une glace, voir nos proches. Mais tant pis purée, je veux pas que ça s’arrête.
On s’en fout nous on était prêt ! On n’avait pas d’école, on vivait doucement au fil des saisons, en vélo, au marché (les fameux circuits courts, pas de pénurie possible pour nous). On ne peut même pas tomber en panne de couche, on les lave ! On a déjà tout ce qu’il faut de numérique, de podcasts, de séries, de solutions libres pour éviter de googliser notre vie. On n’a même pas de tablette pour éviter de se faire bouffer, grand ou petit. On est résiliant, c’était notre but, avoué ou pas.
Zoom, WhatsApp, FaceBook… En voilà des qui se frottent les mains de la crise. Oui ça fait gros gôchiste théorie du complot. Mais quand tu ne payes pas un service, c’est que la marchandise, c’est toi. Sans compter tout ce que tu fais passer de confidentiel ou sensible par ces réseaux, qui compensent néanmoins largement le manque de moyen mis en œuvre par l’Éducation nationale, les entreprises… pour le travail à distance.
Voici une référence pour essayer d’y échapper et être efficace quand même : Framasoft
Alors égoïstement je veux rester dedans. M’en fout des autres. Bien sûr je suis malade d’inquiétude pour mes proches qui m’apparaissent soudain si vulnérables. Évidement le nombre de victimes m’attriste, me touche et me révolte (de même que la gestion complètement erratique voire incompétente de cette crise) ! J’ai juste envie de cracher à la gueule du monde « j’vous l’avais bien dit, bien fait pour toi ! »
Mais je veux pas que ça s’arrête merde ! Je ne veux pas qu’on ne puisse plus ouvrir les fenêtres parce que le bruit et la pollution sont invivables dans notre rue. Je ne veux pas qu’on me vole le bruit des oiseaux. Je veux que les gens réapprennent à vivre avec leurs enfants et arrêtent de les considérer comme des petits êtres inconséquents, encombrants, pour lesquels seuls les professionnels peuvent faire quelque chose. Je veux que les gens continuent à être dans une situation telle qu’ils se posent des questions. Que certains (pas tous, n’oublions pas que beaucoup de gens bossent encore et toujours) aient enfin le temps de se former, de lire, de faire du sport, de cuisiner, de s’inquiéter pour les autres, de coudre, de jouer, d’être seuls, de réaliser quelle violence ils s’infligent au quotidien.
Oui qu’ils s’infligent. On a toujours le choix. Le seul truc qui nous manque c’est le temps : le temps de réaliser qu’on a le choix, le temps pour se donner les moyens de ses ambitions. On a le choix de ne plus bosser comme un âne pour payer des trucs parfaitement inutiles et nuisibles au reste de l’humanité. Le temps pour faire tout ça alors que vos enfants grandissent très très vite et que le quotidien nous bouffe. Si tu mets 10 ans à changer, tes enfants subissent ce changement toute leur enfance, bravo.
Le temps nous manque. Et la représentation aussi. Ça fait des années que je ne me sens pas représentée. Parce que tout le monde s’en fout de se faire braquer du temps et le chant des oiseaux. Sauf maintenant. Alors je ne veux plus sortir purée. Je veux rester ici, au moins je ne remarquerais pas que je suis obligée de prendre ma voiture plutôt que le train pour aller chez mes parents ou à la mer (le bus c’est thermique et c’est dans les bouchons. Et ça vole les oiseaux des gens qui sont près des routes. C’est de la merde oui).
Je veux pas sortir pour ne pas qu’il y ait de « relance économique », d’effet rebond, de commission citoyenne juste bonne à nous occuper pendant qu’ils continuent à faire ce qui nous a mis dans cette situation, puisqu’on a toujours fait comme ça… Les solutions existent les gars. Il y a des bouquins, des documentaires, des initiatives. On vous les braille depuis des années. Juste vous n’avez pas envie de les entendre et de les mettre en œuvre. Alors voilà, j’veux pas sortir.