Le petit garçon sur la photo

Les albums de familles. Les grands derrières, les petits devant. Les photos en noir et blanc, jaunies, aux bords crénelés. Et les secrets de familles pas secrets o_O

Mes arrières-grands-parents étaient atypiques. Malgré leur milieu modeste, ils n’ont eu que deux enfants, pour pouvoir leur offrir la possibilité d’avoir « un métier ». Au beau milieu de la Bretagne et du XXe siècle, ce n’était pas vraiment la norme. Ça leur permettait de faire des photos, malgré le prix prohibitif des appareils, des films et du développement. Il existe donc des photos de la vie quotidienne de mon grand-père quand il était petit garçon.

Quand j’ai récupéré cette fameuse commode Branthome, qui doit bien dater de la fin XIXe, que mon grand-père a restauré, on s’est donc amusé à la chercher sur les photos de famille. Pour faire simple, c’est la mère de tonton Élie qui l’a achetée. Tonton Élie qui était mon arrière grand-oncle. J’ai pas plus simple. Autant vous dire que c’était il y a un moment, et que je ne l’ai jamais croisé. C’est là que nous sommes tombés sur ce petit garçon inconnu.

« Papi, qui c’est ce petit garçon avec toi sur la photo ?

– Oh ma doue je me souviens pas de son nom. C’était pendant la guerre. C’est tonton Élie qui nous l’avait envoyé. Il est resté longtemps avec nous. »

Ok. Donc là mon grand-père est en train de me dire que tonton Élie a envoyé un « petit garçon » se « mettre au vert » pendant la guerre (bienvenue dans le monde de Narnia déjà). Élie. Seconde guerre mondiale. Déjà quand tu t’appelles Élie dans cette période là, je ne sais pas comment tu ne finis pas à Drancy, aller simple pour Auschwitz. Surtout quand tu es communiste jusqu’à l’os et résistant. Mais en plus, tranquillou, il envoyait des gosses en Bretagne. Genre tout le monde trouve ça normal. Personne ne s’est dit que c’était un petit juif. Juste un môme de plus dans une famille qui n’en avait pas beaucoup. Il est rentré chez lui quand ça a été plus calme. Point.

Sauf que ça veut dire plein de trucs. Bon déjà que ce fameux tonton Élie il était bien badass. Mais surtout que mon arrière-grand-mère, a sans doute été Juste. Parce que quand même, ils n’allaient pas laissé un petit garçon dans l’atmosphère vicié de la capitale. Il s’est bien refait une santé à la campagne (TU M’ÉTONNES !)

Particulièrement aujourd’hui, en ce jour d’anniversaire de la libération d’Auschwitz, je pense à ces petits mômes sauvés de cette façon, et aux Justes inconnus, nombreux j’espère.

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