C’est si mignon les marmots qui piaillent sur le chemin de l’école. Même les grands bien peignés qui vont au collège privé en parlant trop fort réussissent presque à m’attendrir ce matin. Je les vois passer à travers les arbres, en grappes animées, à pied, à vélo, il y en a même un qui a une magnifique trottinette électrique vintage des années 2010.
Starteupnécheune style
Je suis à la fenêtre, avec ma tasse de thé, une petite bûche dans le poêle (quoi je me la pète ^^ ?), j’attends le livreur qui nous amène la bouteille de lait cru. J’ai au moins 3 bouteilles à lui filer pour la consigne, elles encombrent l’entrée.
En regardant la rue comme une mamie là, j’essaie de me rappeler à quoi ressemblait cette rue quand on est arrivé. Je me souviens que j’avais eu envie de pleurer quand Pixelle, presque 3 ans, m’avait dit « je suis très triste qu’on ait déménagé. Avant quand on regardait par la fenêtre, on voyait des arbres, maintenant, on ne voit que des voitures. » J’aurais aimé lui répondre : « Ça ne va pas être de la tarte, mais on va les retrouver les arbres devant la maison, t’inquiète poulette ». Ils sont là, avec leurs feuilles oranges en ce mois de novembre. Pas encore de grands gaillards, mais c’est déjà ça !
Je crois que c’est après l’été 2019, avec des températures record dès juin, que ça a commencé à changer. C’était les municipales l’année d’après. Je ne sais plus par quel miracle les politiques ont fini par calculer que ça allait être compliqué de vivre comme des lardons sur une poêle tout les étés. En plus les travaux aux 4 coins de la ville finissaient (enfin), et révélaient de grandes places bien conçues. Pour des fours solaires.
Les travaux d’ailleurs, je me souviens, ce fameux été, ils ont refait le bitume de notre rue. Toute une histoire : ils ont bloqué la route pendant des jours. Je me disais « mais attend c’est super large, c’est fou l’espace dédié aux voiture, et ce silence ! ». Les gens marchaient sur la route quand les engins de chantier étaient arrêtés, c’était un peu de la science fiction. Mais enfin c’était pour remettre du bon vieil enrobé puant et bien noir.
J’avais même pris des photos tellement ça m’avait surprise de voir la rue sans voiture comme ça. Vous avez vu cette place !
Je crois qu’au début l’idée la plus radicale ça a été d’interdire la circulation devant les écoles à l’heure des entrées et sorties. Ils avaient appelé ça « l’arrêté de la chaîne ». C’était pour rappeler le nom de la rue de la Chaîne, aujourd’hui rue Pasteur : les voiture à cheval faisaient tellement de bruit sur le pavés qu’elles empêchaient les universitaires de travailler. Donc ils avaient installé une chaîne à chaque bout de la rue pour arrêter la circulation dans la journée.
Comme il y a deux école dans notre rue, elle était bloquée le matin et le soir. Ils ont construit un grand parking avec des dalles herbeuses sur le terrain vague près du boulevard.
Ça a gueulé, vous n’imaginez pas. Les commerçants, les familles de bourgeois qui avaient leur mômes au bahut catho, les richous avec leur gros SUV dans les grosses maison. Et puis tout le monde a pris l’habitude.
Tout ceci est de la science fiction ? Quelques liens :
Une rue fermée pour des raisons de sécurité en Belgique
La loi belge évolue pour rendre cette pratique légale
Un coup de peinture sur la route pour un coup de frais
La remise à l’air libre d’un cours d’eau ! Quand on connaît le nombre de cours d’eau canalisés à Caen, rien que Saint-Pierre les pieds dans l’eau, comme ce serait beau *-*
Pendant la campagne la proposition c’était « des projets écologiques ambitieux pour Caen, blablabla, le quartiers de la Haie Vigné, Hastings et Saint-Ouen, blabla, espace d’expérimentation, blabla, reconquête de l’espace, blabla, albédo »
C’est allé vite n’empêche… aujourd’hui il y a : un trottoir de chaque côté, une voie à sens unique en dalles herbeuses pour les voitures, ouverte en dehors des heures scolaires, une rangée d’arbres et une piste cyclable, et plus rien de sombre. On entend les oiseaux, on fait des allergies au pollen, c’est parfait.
Ils sont intéressants ces arbres. Ce ne sont que des arbres fruitiers. Des noix, des noisettes. C’est un pommiers en face de chez nous. Personne n’osait se servir au début.
Je dis que c’est allé vite mais pas tant que ça quand on y pense. Mon arrière grand-mère, quand elle est née, il n’y avait pas de route bitumée, pas de téléphone, pas d’eau courante chez elle. Et quand elle est morte, il y avait… internet quoi !
Ah ça sonne, voilà le laitier avec son vélo cargo. Tzim en profite pour commander un litre de plus pour la semaine prochaine. Ça aussi ça a drôlement évolué, il y a moins de monde sur les route forcément, entre les livraisons dernier kilomètre en vélo et le télétravail. Bon on pourra dire ce qu’on veut, les livraisons c’est quand même dur pour les livreurs, mais c’est mieux depuis qu’il y a un espèce de quai de chargement dans les parkings, pensé pour eux, et depuis qu’ils ont monté leur propre organisation. Mais ce n’est pas le sujet.
Et vous, qu’est-ce qui a changé dans votre rue et dans votre ville depuis les années 2010 ?