Fuuuuuusion

Fuuuuuusion ou « pourquoi ça ne marcherais pas en fin de compte ? »

On a de la chance, on ne nous a pas trop empapaouté avec le fait que Pixelle reste dans nos bras, qu’on réponde tout de suite à ses pleurs etc…
Mais on sait bien que c’est surprenant pour beaucoup.


Il paraîtrait que les mères qui agissent comme ça (oui que les mères…) sont fusionnelles, castratrice à terme, et même que le rôle du père c’est de couper le cordons toussa toussa. Et si c’était faux ? Je veux dire, c’est prouvé scientifiquement ? Il s’agit d’un paradigme (oui, c’est la 2e fois que j’utilise ce mot), donc des raisonnements entiers sont bâti dessus. Mais est-ce que quelqu’un l’a remis en cause de façon efficace ?

tronconeuse

« Je suis Pierre-Emmanuel Pichavent, pédopsychiatre »

Pourquoi ces questions ? Parce que du jours à lendemain, à savoir le jour de l’accouchement, tout change dans le discours. Avant : il faut s’écouter, que le père s’implique, on parle de projet de naissance… Après c’est : paf il faut couper le cordon, ne pas trop porter, faire attention à sociabiliser notre enfant, permettre à d’autre de « l’avoir », ne pas être une mère poule – exit le père dans les discours.
Alors nous (après un ou deux accros bien traumatisants), on a décidé de continuer comme pendant la grossesse : ensemble, c’est à dire tous les trois, nous répondons à nos besoins respectifs d’être ensemble, parfois contre les autres.
Pixelle ne passe pas de bras en bras, elle n’est pas laissée en garde, elle nous suit partout, elle dort dans notre lit pour la sieste (elle dort là où elle s’endort quoi) et la moitié de la nuit, elle nous suit partout…
Et si c’était pas une « fusion » mais juste un phénomène normal, si les parents (coucou les pères) sont collé-serrés pendant le temps dont ils ont besoin, c’est peut-être un besoin, c’est peut-être normal, voire important (peut-être).

D’ailleurs, d’où vient cette obsession de séparation ?
Nous sommes après guerre. Les familles ont été disloquées par le conflit, les logements sont pour beaucoup franchement insalubres, entre habitats anciens mal entretenus et crise du logement dû aux destructions. Aux destructions et aux bébés. Ils sont partout et ils sont VACHEMENT TROP NOMBREUX. Submergés par leurs nombres et leurs couches leurs inexpériences, la génération des parents-bommeurs (oui parce que si il y a un baby-boom, il y a un parents boom, c’est expliqué ici) est contrainte de s’adapter et d’inventer une éducation qui va convenir à l’époque. Ici entre Dolto.

Mais nan pas celui là, l’autre, Françoise

Et elle est assez badass la dame. Elle apprend enfin au grand public que les enfants ne sont pas des tubes (un peu comme cette vidéo au dessus), mais des personnes. Oui je sais ça sonne un peu Captain Obvious vu du XXIe siècle bobo, mais c’était important de le rappeler à certain à l’époque. Elle transmet toutes ses bonnes idées dans la presse, elle a une influence considérable, en vulgarisant les pédagogues de l’époque.
Mais elle est la première à expliquer qu’il faut couper le cordon. Mais pourquoi, POURQUOI ELLE FAIT ÇA !
Regardons le contexte. Il y a des millions de bout de chou – c’est assez vulnérable comme légume – élevés dans des conditions bien nulles, par des parents nés avant la 2e Guerre Mondiale (le front populaire, les congés payés, tu vois tes cours d’histoire ?). Avec un peu de bol, tous le monde dort dans la même pièce, avec des familles disloquées et recomposées (non ce n’est pas une invention récente). Le mélange de tout ça donne pas mal de violence, d’insalubrités et parfois d’inceste. Alors oui, il vaut mieux dormir dans une autre pièce, pas trop toucher les bébés, et vite aller se réfugier dans les maisons vertes.

Bien sûr, il n’y a pas que ces raisons. L’influence de la psychanalyse compte aussi pour beaucoup.

Mais comme souvent, tout est une affaire de contexte.

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